Tia montrant un grand intérêt pour la nourriture solide et s’approchant de ses 6 mois, je me suis replongée dans le livre « Baby-Led weaning » soit « la diversification alimentaire menée par l’enfant ». Matti a commencé à manger de cette manière à 6 mois et apprécie toujours autant les repas 2 ans plus tard. Nous sommes donc très impatients de commencer cette nouvelle étape avec notre princesse.
La diversification menée par l’enfant, c’est quoi exactement?
Si nous la comparons avec le modèle standard des petites purées et compotes, ici nous n’écrasons pas les aliments et nous ne nourrissons pas le bébé à la cuillère. Le bébé seul décide de ce qu’il veut manger avec ses mains lors des repas familiaux. L’idée est que l’enfant est maître de son développement. Il décide du moment où il s’assied, rampe, marche, alors pourquoi ne pas lui laisser le libre arbitre de quoi et comment manger. C’est en nous imitant, qu’il va apprendre à savourer la nourriture.
Les avantages
- C’est apprendre à manger de manière agréable en expérimentant la nourriture par le toucher et le gouter.
- C’est naturel, car l’enfant est programmé à apprendre en explorant. Il découvre d’ailleurs tous les objets en touchant et mettant en bouche. Manger est la suite logique.
- C’est apprendre autour de la nourriture et de son environnement. En ce nourrissant seul il peut apprécier les différentes formes, odeurs, textures et apparences des aliments. Il découvre comment toutes ces variables sont connectées et développe une meilleure compréhension du monde qui l’entoure.
- C’est faire confiance en la nourriture. Comme il utilise son instinct pour décider de ce qu’il mange, il ne cultive pas de suspicions autour de la nourriture. De plus, ayant le choix de manger tel ou tel aliment, il est plus enclin à tester de nouvelles choses.
- C’est apprendre à manger en toute sécurité. Il apprend dès le début comment gérer les différentes textures et la taille des morceaux. Quand un bébé aspire la nourriture en morceaux sur une cuillère, il l’amène à l’arrière de sa bouche, ce qui provoque le réflexe de haut-le-coeur. Alors que quand il prend lui-même la nourriture, cela arrive à l’entrée sa bouche.
- C’est atteindre ses potentiels. Mettre de la nourriture en bouche lui permet d’exercer la coordination main-bouche, sa dextérité. Ensuite, mâcher dès ce moment développe les muscles faciaux utiles à la parole.
- C’est prendre confiance en soi. Gérer seul sa nourriture lui donne l’occasion de constater que de par ses actions, il est capable de recevoir une réponse positive. En effet, il peut gouter et sentir la texture d’un aliment.
- C’est prendre part aux repas familiaux et donc lui permettre de ressentir qu’il est une part entière de la famille.
- C’est apprendre à reconnaitre le sentiment de satiété, car il arrête quand il veut.
- C’est plus facile de manger à l’extérieur, car il ne faut pas prévoir autre chose que ce que nous adultes mangeons.
Les inconvénients
Ils sont peu, mais ils sont à prendre en compte.
- C’est beaucoup de saleté. Quand je dis beaucoup, je veux dire beaucoup, beaucoup et encore beaucoup. Il faut s’attendre à devoir passer des minutes sur sa journée à 4 pattes à ramasser tous les petits bouts de nourriture. Ou tu peux acheter un chien. Il faudra astiquer la chaise après chaque repas. Il est donc préférable de lui prévoir l’endroit avec le moins de choses autour. Si tu as une jolie peinture au mur, ne la laisse pas là (éclaboussures garanties).
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Les gens s’inquiètent et te le font savoir. Ils ont peur que ton bébé s’étrangle. Il vaut mieux que tu sois certain de ton choix et que tu saches pourquoi tu optes pour cette manière de faire, car tu devras très sans doute l’expliquer de nombreuses fois. N’hésite pas à envoyer le lien de cet article, ça peut aider.
Quand commencer?
Tu ne devrais pas commencer avant les 6 mois de ton bébé, parce que:
- L’enfant a besoin des nutriments présents dans le lait. Son estomac étant tout petit, si nous le remplissons de solides, il n’a plus d’appétit pour le lait.
- Son système digestif n’est pas encore capable d’ingérer les nutriments de la nourriture solide.
- L’enfant nourri trop tôt avec des aliments solides est plus enclin à développer des allergies parce que son système immunitaire est encore immature.
Nous entendons souvent que l’enfant a envie de manger avant ses 6 mois, ce n’est pas forcément le cas. Il a envie d’imiter ceux qui l’entourent. Si ton enfant manifeste cet intérêt avant, tu peux le mettre à la table familiale et lui donner une cuillère ou une petite tasse. Il se sentira alors déjà inclus sans pour autant manger puisque son système digestif n’est pas suffisamment mature.
Ton enfant doit être prêt. L’important c’est qu’il sache s’asseoir seul ou avec un peu d’aide, attraper et mettre des objets en bouche d’un geste décidé, mâchouiller ses jeux. Avoir des dents n’est pas du tout une nécessité, en effet ses gencives lui suffiront à couper la nourriture. Si tous ces critères sont remplis, il attrapera la nourriture mise à sa disposition et l’apportera à sa bouche.
Comment mettre en place la méthode?
- Ton bébé doit être assis bien droit ou légèrement vers l’avant, jamais en arrière.
- Ton bébé ne devrait pas avoir faim quand il arrive à table, car au début le lait reste sa source de nutriments. Il doit d’ailleurs continuer être allaité/avoir des biberons quand il le veut et décide quand diminuer.
- Le bébé est assis à table avec la famille au moment des repas et commence à manger quand il en manifeste l’envie.
- En tant que parents, nous l’encourageons à explorer les aliments en le laissant attraper ce qu’il désire. S’il ne parvient pas à manger tout de suite, ce n’est pas grave du tout.
- Nous n’amenons pas de nourriture à sa bouche.
- L’enfant peut s’exercer à chaque repas. Plus il en a l’occasion, plus il s’améliore dans l’action de prendre la nourriture et finalement de la manger.
- Les premiers mois, la nourriture présentée est servie en morceaux suffisamment gros (des bâtonnets) ou collante (hummus par exemple) pour que l’enfant puisse les prendre en main.
- L’enfant décide de la quantité, de la cadence et de la variété de la nourriture. Nous mettons à sa disposition plusieurs choix sans surcharger.
- Une assiette n’est pas nécessaire. Au contraire, elle risque de distraire l’enfant. De plus, il va sans doute la retourner te donnant encore plus de travail de nettoyage.
- Reste toujours au côté de ton enfant quand il se nourrit.
- Nous cultivons une ambiance heureuse et ludique pour que l’enfant associe la nourriture solide à une expérience agréable. Prévois assez de temps (Matti prenait 1h à manger/chipoter) et évite de lui mettre la pression pour qu’il termine. Il est aussi important de ne pas rouspéter sur le fait qu’il salit. Il pourrait associer les repas avec notre frustration de devoir nettoyer et ne plus vouloir manger.
Sous quelles formes présenter les aliments au début ?
- Les légumes et fruits : Tu peux les présenter crus (plutôt en bâtonnets qu’en rondelles), rôtis au four pour un côté croustillant et tendre, ou vapeur.
Les grands fruits tels que le melon, pastèques peuvent être présentés en grandes tranches. Les gros fruits ronds tels que les pommes peuvent être proposés en entier. Toutefois, mords une fois dedans avant de la donner pour qu’il ait plus facile. En ce qui concerne les petits fruits ronds, les raisins par exemple, il est mieux de les couper en deux pour une question de sécurité.
Les fruits sont souvent plus faciles à tenir quand nous laissons la peau. D’autant plus s’il s’agit d’un fruit très glissant comme une banane. L’enfant va certainement tenter de manger la peau, n’oublie pas de la laver.
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Les protéines: Au début, elles doivent être présentées en gros morceaux et au fur et à mesure l’enfant sera capable de prendre des plus petits morceaux tels que du haché. Pour éviter que la nourriture se décompose, le boeuf, porc et mouton peuvent être coupés à travers la fibre. Au contraire pour la volaille et le poisson, il vaut mieux en suivant le sens la fibre.
Les protéines peuvent aussi être proposées sous forme de boulettes/nugettes, notamment pour les protéines végétales telles que les lentilles, haricots, etc.
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Les féculents: Le tout est de choisir des formes et textures qui sont faciles à prendre. Pour le riz par exemple, tu peux choisir un riz avec des grains plus courts et le cuire un peu plus longtemps pour qu’il soit collant. Les pâtes en spirale ou papillon sont plus faciles à agripper que les pennes. Le pain grillé est plus facile à manger que du pain mou. L’enfant peut le sucer, il ne se retrouve pas avec un gros morceau en bouche d’un coup et ça ne se plie pas dans tous les sens.
À quoi s’attendre?
À l’âge de 6 mois, un bébé est normalement capable d’attraper la nourriture et de la mettre en bouche si nous lui en donnons l’opportunité. Toutefois, cela ne veut pas dire qu’il va manger. Il va d’abord l’explorer avec ses lèvres et langue, il ne l’avalera pas.
Entre 6 et 9 mois, il acquiert de nouvelles capacités. Il mord ou ronge des petits morceaux avec ses gencives ou dents. Ayant maintenant notamment plus de contrôle de sa langue, il découvre comment garder la nourriture dans sa bouche pour une plus longue période de temps. Il peut faire bouger la nourriture et la mâcher. Toutefois, il est très probable qu’il continue à la recracher à ce stade pendant 1 semaine ou deux.
Il commence à avaler seulement quand les muscles de sa langue, mâchoire et joues sont suffisamment coordonnés.
À 9 mois, le bébé est capable de faire la pince avec son pouce et son index. Ce geste lui permet d’attraper des petits aliments tels que les raisins, petits pois etc. pour les mettre dans sa bouche.
L’enfant peut traverser des phases de frustration. Il ne parvient pas attraper ou avaler. C’est tout à fait normal et ça passera. La seule chose à faire est d’être vigilant à proposer des aliments faciles à prendre en mains (bâtonnets de légume, pâtes en spirale, etc.).
Chaque enfant est différent, certains enfants avalent tout dès l’âge de 9 mois et pour d’autres il faut plus de temps. Tout comme parfois un enfant commence rapidement son évolution envers la nourriture et ensuite ralenti dans le processus de se nourrir seul.
L’enfant diminuera graduellement sa prise de lait. Gardes en tête que la première année, la nourriture solide ne peut être qu’un complément au lait. Ne t’inquiète donc pas si ton enfant continue à boire beaucoup de lait. Celui-ci contient tout ce dont il a besoin jusqu’à son premier anniversaire.
Aussi ne t’inquiète pas si tu vois dans les couches des morceaux « non digérés » de nourriture (grains de maïs, morceau de brocoli, morceau de carotte), c’est tout à fait normal.
La peur de l’étranglement
Dans le livre, l’auteur distingue « s’étouffer » de « s’étrangler ». S’étouffer est avoir quelquechose bloqué dans la gorge, mais cela n’empêche pas de respirer. Alors que s’étrangler ne te permet plus de prendre de l’air.
Souvent, nous nous inquiétons dés que nous voyons notre enfant s’étouffer, car visuellement c’est impressionnant. Il ouvre la bouche, tire sa langue en avant et peu même vomir. Toutefois, le bébé a un réflexe de haut-le-coeur qui s’enclenche plus vite qu’un adulte car la nourriture ne doit pas être aussi loin dans la gorge.
Pour que ce réflexe soit efficace, il est très important que l’enfant soit bien droit, jamais penché vers l’arrière.
Cette expérience d’étouffement permet à l’enfant d’apprendre à faire bouger la nourriture dans sa bouche par test-erreur. Le point physique de déclenchement du réflexe de haut-le-coeur recule vers la gorge en vieillissant. Un enfant qui a donc été confronté à la nourriture solide tôt à moins de chance de s’étrangler. En effet, il s’est exercé à gérer la nourriture solide quand le point du réflexe n’était pas proche de sa gorge.
Est-ce que cette méthode peut être appliquée à tous?
Non. En cas de retard de développement des muscles de la bouche, des mains, bras ou dos, la méthode n’est pas appropriée. Certains bébés peuvent aussi avoir des besoins nutritionnels spécifiques, dans ce cas laisser un enfant choisir ce qu’il mange n’est probablement pas le bon procédé.
Finis ton assiette
Ce paragraphe n’est pas pour le début de l’expérience, mais pour la suite.
Nous sommes nombreux à avoir grandi avec la règle de devoir finir son assiette. Seul l’enfant connait sa faim. Nous devons proposer assez, mais ne pas forcer à finir. Il est sans doute mieux de prévoir une petite assiette diversifiée et que l’enfant en redemande. Et s’il ne veut même pas manger la petite assiette, c’est que tout simplement il n’a pas faim.
Notre expérience
J’ai personnellement adoré cette manière d’introduite la nourriture à Matti. À l’époque, c’est notre voisine de palier venant du Québec qui nous en avait parlé. En en discutant autour de nous, l’un des collègues d’Andrew avait aussi utilisé cette méthode. Pour lui, venant de Chine, c’était la norme.
Pour la petite histoire, nous avions commencé à donner de l’avoine à Matti alors qu’il n’avait que 4 mois. Pris entre des cultures et avis différents, nous avions commencé trop tôt. Il ne nous a fallu que deux jours pour constater qu’il ne digérait pas bien et avait mal aux intestins. Nous avons donc décidé d’attendre les 6 mois comme cela nous était conseillé ici (Vancouver, Canada). J’en ai donc parlé à ma voisine qui m’a conseillé ce livre.
Je dois aussi vous préciser qu’au moment où je viens de finir cet article, j’ai eu un appel téléphonique avec mon médecin familial. Lors de cet appel, il voulait me préciser ce qui était conseillé pour l’introduction des solides. Voici ses conseils:
– Présenter les légumes avant les fruits pour éviter que l’enfant ne veuille autre chose qu’un goût sucré.
– Pas de gros morceaux pour éviter les étranglements.
– Introduire rapidement les allergènes.
– Ne pas donner du miel avant un an.
Comme tu peux l’imaginer, seul les deux dernier points me semble important. Pour le reste, je pense que je me suis informée suffisamment sur le sujet pour prendre notre décision. De plus, ayant déjà utilisé la méthode pour mon fils, je me sens encore plus à l’aise dans cette dynamique.
Je dis notre décision, car elle a été discutée avec Andrew. Je pense que c’est très important que tous ceux qui vont nourrir l’enfant soient complètement d’accord avec le principe de la diversification menée par l’enfant. Car celui-ci sent s’il y a de l’hésitation et pourrait se mettre à douter de la nourriture que tu lui présentes. De plus, si ton enfant à un haut-le-coeur pendant le repas, c’est important qu’il n’y en ait pas un qui soit pris de panique.
Matti a tout de suite été très excité par l’expérience. À 6 mois, il ne savait pas encore s’asseoir seul. Du coup il était sur les genoux d’Andrew ou les miens. Nous placions la nourriture sur une grande planche sur la table et le laissions se servir.
Nous arrêtions le repas quand il arrêtait de manger.
La méthode dit qu’il mange comme nous. Toutefois, à ce moment-là, j’avais modifié ou évité certains repas. Je ne voulais pas que Matti mange trop de sel, donc je ne salais rien ou presque. J’ai changé ma manière de couper les légumes. Au début, j’ai préparé peu de repas en sauce.
Aussi, manger avec un petit bout sur ces genoux, ce n’est pas forcément relaxant. Nous avons donc décidé de nous faire une soirée pizza une fois de temps en temps où l’on mangeait après. Toutefois pour garder cette idée de repas familiaux, nous grignotions des légumes avec lui (très bon pour nous aussi de toute façon 😉 ).
Voici quelques exemples de nos repas:
- déjeuner: nous présentions toujours des fruits avec soit des galettes de riz avec du beurre d’amande ou (plus tard) de l’avoine.
- dîner et souper: nous présentions toujours un féculent (frittes au four, pâtes, riz, etc.), des légumes (ceux rôtis au four étaient ses préférés) et de la viande ou des légumineuses. Il pouvait par exemple tremper son concombre dans son humus.
- collations: des fruits, galette de riz, mais ou craquotte. 2/3 mois plus tard pour une question de facilité, la collation du matin étant dans la poussette, il mangeait une compote de pomme dans une poche réutilisable.
Pour nous, « la diversification menée par l’enfant » était une suite logique à l’allaitement à la demande.
Toutefois, bien que je suis une grande fan de cette méthode, je comprends que ce ne soit pas pour tous. À toi de voir si elle convient à ta famille. Si cette méthode amène plus de stress que de joie au moment des repas, l’enfant ne vivra pas une expérience positive. Personnellement, la seule chose que je trouve ennuyante est de laver, mais ça en vaut la peine. Contempler ton enfant profiter des repas est un vrai bonheur. Et comme toute difficulté, cela à une fin. À un moment donné, il y’aura beaucoup moins de saleté.
J’espère que tu trouveras un procédé qui vous convient. Après tout, l’important c’est que ton bébé apprenne à se nourrir sainement et avec plaisir.
Je te partage quelques liens qui pourraient être utiles. Si tu connais d’autres supports intéressants, n’hésite pas à les partager en commentaire.
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