Parfois, nous nous perdons dans la volonté d’être toujours bienveillants. Nous voulons tellement bien faire que nous résistons à mettre des limites à nos petits bouts. Et pourtant, ils en ont besoin.
En quoi les limites sont importantes?
Nous devons montrer à nos enfants qu’ils peuvent compter sur nous. Magda Gerber disait « Le manque de discipline c’est de la négligence ». Les enfants ont besoin de notre guidance pour avancer de manière sereine. Et cette guidance se traduit par la mise en place de limites.
Être capable d’expliciter clairement celles-ci c’est aussi instaurer une relation authentique avec nos enfants.
Après tout, c’est en partageant nos limites et nos attentes aux adultes qui nous entourent que nous créons des relations respectueuses et enrichissantes. Le même procédé s’applique donc avec nos petits êtres humains.
Comment pouvons-nous instaurer des limites tout en respectant nos enfants?
En gros, nous devons être authentiques et accepter que le point de vue de notre enfant est aussi très important.
Il ne s’agit donc pas d’adopter une expression sévère comme on le voit autour de nous.
Janet Lansbury simplifie cette posture en nous proposant de tout simplement mettre un point final à la fin de nos phrases. Et cela en se sentant très à l’aise dans notre rôle de parent, en ne se sentant pas menacés par nos enfants. Nous ne devons pas justifier à chaque fois ce que nous disons. Par exemple quand il est venu l’heure du coucher, tu peux dire « il est temps d’aller dormir maintenant ». Ne rajoutes pas « tu as l’air fatigué, autant aller se reposer pour passer une bonne journée demain. Tu auras besoin d’énergie » etc. Évite de prendre l’habitude de justifier toutes tes décisions. Montre à ton enfant que tu sais ce que tu fais.
Nous devons aussi faire confiance en la capacité de nos enfants à gérer la déception, la frustration, le refus et la colère amenés par la limite imposée. Gérer, ne voulant pas dire ici accepter et ne rien dire. Nous devons attendre des cris et des pleurs. Nous pouvons faire confiance à nos enfants quant à leur habileté à sortir de cette phase.
Pourquoi nous sommes mal à l’aise face aux limites?
Parce que nous ne sommes pas à l’aise avec la réponse émotionnelle de nos enfants. Il est donc important de reconnaitre que c’est normal et sain pour accepter ces tempêtes émotionnelles.
Acquérir cette attitude de confiance peut te demander d’agir « comme si » au début. Tu devras peut-être faire semblant. En pratiquant cette attitude, tu seras de plus en plus confiant dans ton rôle de parent et dans ton habilité à mettre des limites respectueusement à ton enfant.
Parler n’est pas suffisant.
Les enfants comprennent nos mots, mais ils ont besoin aussi du réconfort de nos actions. Ils ont besoin de voir que nous menons à bien ce que nous entreprenons. C’est en nous voyant agir qu’ils finiront par intégrer que nous allons au bout de ce que nous disons. Un jour tu n’auras plus besoin de bloquer la main pour que ton enfant ne frappe pas. Mais avant qu’il intègre que tu ne vas pas le laisser faire il a besoin de l’expérimenter de nombreuses fois.
Notre attitude est très importante. Nous agissons le plus calmement possible. Notre enfant doit pouvoir sentir notre amour, peu importe la situation.
Le mieux est d’agir avant qu’il ait le temps de frapper en bloquant doucement la main. « Je ne veux pas que tu me frappes, s’il te plaît sois doux ». Il ne s’agit pas ici de supplier son enfant, mais de donner une directive.
Pourquoi utiliser « je »?
Au lieu de dire: nous ne frappons pas, les mains ne sont pas faites pour frapper ou ne frappe pas maman, etc.
Parle en toi et moi, c’est plus efficace. Les enfants apprennent mieux quand nous les impliquons directement. Nous ne parlons pas de manière générale, nous leur parlons à eux. Cela leur montre aussi que nous les considérons comme des personnes à part entière.
N’aie pas peur de reconnaître tes erreurs et de t’excuser.
Parfois nous nous mettons dans une situation où nous laissons l’enfant faire et puis nous nous rendons compte que nous n’aurions pas dû. Alors, comment se sortir de cette situation? En reconnaissant ton erreur et en t’excusant. C’est d’ailleurs lui apprendre aussi qu’il peut faire des erreurs.
Par exemple, j’ai laissé mon fils une fois découvrir ce qu’il y’avait dans les tiroirs de ma commode, car nous venions de la recevoir. Toutefois, après quelques minutes à observer, il s’est mis à sortir une chose et puis une autre et ne semblais plus s’arrêter. Je l’avais laissé retirer un vêtement et un deuxième, mais soudain j’ai réalisé que je n’avais pas envie de devoir tout ranger à nouveau. Tout d’abord, je n’aurais pas dû le laisser commencer à retirer les choses. Sachant qu’à la maison, les enfants ont de nombreux « yes spaces » (j’en parlerai prochainement dans un nouvel article) où ils peuvent tout découvrir.
J’ai donc pris conscience que je l’avais mis dans une situation injuste. Je l’ai laissé commencer son exploration ce qui ensuite lui crée des ennuis. Je me suis donc excusée.
« Je voudrais que tu arrêtes maintenant. Je m’excuse, je sais que je t’ai laissé jouer avec mes vêtements, mais je ne veux pas qu’ils soient tous sortis du tiroir et chiffonnés. Peux-tu m’aider à les remettre? OK, il me semble que tu veux continuer à jouer avec. Je comprends. J’ai fait une erreur en te laissant sortir le premier. Je m’excuse pour la confusion. Je vais maintenant les remettre et fermer le tiroir. Nous allons aller jouer dans le salon. »
Les limites peuvent évoluer avec le temps.
Nous devons trouver un juste milieu, le but n’est pas de devenir rigide. Les limites doivent évoluer avec l’évolution de l’enfant et le contexte familial.
Par exemple, Matti devait nous tenir la main quand nous marchions près d’une route jusqu’au jour où nous avons vu qu’il ne se mettait pas en danger sur les trottoirs. Maintenant, la règle est d’attendre avant de traverser et de rester à vue. Et puis un jour, il n’y aura plus du tout de règle par rapport à ça. Je ne demanderai pas à mon petit de 18 ans de me tenir la main pour traverser 😉
Quelques exemples supplémentaires pour t’aider à visualiser l’attitude la plus propice aux limites bien veillantes.
Premier exemple:
Mon bébé de 8 mois passe des dents et essaie de me mordre quand elle est dans mes bras.
À force d’observation, je reconnais les signes indiquant qu’elle risque de me mordre. Je l’arrête alors en me reculant tout en lui disant « je ne vais pas te laisser me mordre. Ça fait mal. Je vois que tu veux me mordre. »
Si elle continue, « Tu as encore envie de mordre. Je ne peux pas te laisser me blesser. Je vais te déposer. » Je la dépose et lui propose un hochet à mordre.
Deuxième exemple:
Mon garçon de 2 ans et 8 mois joue à faire voler son avion. Il se rapproche de plus en plus de ma tête et prend le risque de me toucher.
Je bloque sa main doucement en lui disant « je ne vais pas te laisser me blesser. Je vois que tu veux faire voler ton avion près de ma tête. Ça risque de me blesser. »
S’il continue, « Tu veux continuer à faire voler ton avion. Je ne peux pas te laisser me blesser, donc je vais le mettre de côté pour l’instant ».
S’il m’a fait mal avant que je puisse l’arrêter, je tente de rester très calme et prends l’avion doucement en lui disant la même chose.
Troisième exemple:
Mon garçon veut des pâtes pour le souper. Je lui dis que j’ai prévu des pommes de terre et que je peux planifier des pâtes pour le lendemain. Il tente alors de frapper sa soeur.
Son comportement est une réaction à la déception de ne pas avoir des pâtes. Je le reconnais et lui dis. « Je vois que tu es fâché de ne pas avoir des pâtes ce soir. Tu adores les pâtes. Tu en voulais vraiment ce soir. Je vois à quel point tu es déçu. Je ne vais pas te laisser frapper ta soeur. Je vais tenir ta main et m’assurer que vous êtes en sécurité ».
J’espère que ces conseils t’aideront autant qu’ils me guident chaque jour. Je ne te dis pas que tu vas toujours réussir. Ca prend du temps d’adopter une nouvelle attitude. Et puis certains jours tu vas juste perdre ton sang froid ou tout simplement abandonner, tu sauras trop fatigué. C’est tout à fait normal, n’oublies juste pas de réessayer dés la prochaine fois. Quand ça m’arrive, je m’efforce de me rappeler pourquoi c’est important. Je veux aider mes enfants à être des personnes authentiques et heureuses. Souviens-toi de pourquoi tu le fais 😉
Respectons-nous et nos enfants 😉
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