Aujourd’hui j’ai envie de partager avec toi notre expérience du COVID-19. Ou en tout cas ce que nous avons vécu ici à Vancouver, Canada jusqu’à présent.
COVID-19 ou pas?
Commençons par le début, avons-nous contracté ce nouveau virus?
Nous ne le savons pas. Ce que je sais, c’est qu’Andrew, Matti et Tia ont tous eu des symptômes de grippes très puissants. 11 jours plus tard, ils toussent tous encore de manière impressionnante. Tia est encore prise par des quintes de toux tellement puissante qu’elle en vomit, tout comme l’a fait Matti. Je sais aussi que ce virus est partout ici à Vancouver, les autorités ont probablement tardé un peu de trop avant de décider de prendre des actions. Je sais que là où nous avons déménagé il y’a une semaine d’ici, le virus était/est là. Nous avons malheureusement reçu une note nous informant du décès d’un voisin suite au COVID-19. Il est sans doute important de mentionner qu’il était précisé qu’il s’agissait d’un monsieur vivant depuis de nombreuses années dans le bâtiment. Nous en avons conclut que c’était aussi une manière de dire qu’il s’agissait d’une personne âgée. Je suis bien entendu touchée par ce décès. Mais, très honnêtement et très égoïstement, ce qui m’a le plus remué c’était d’être certaine que ce virus était très proche de mes enfants et de mon mari. Le virus était dans le bâtiment. Alors oui, c’était peut-être vraiment ça qu’ils avaient. Et oui, nous pouvons en mourir. Et oui, pour le moment il ne semblerait pas que les enfants et personnes en bonne santé puissent en succomber, mais qui dit que demain ce virus ne sera pas encore plus agressif ?
Il m’a fallu quelques heures pour relativiser, me rappeler qu’ils étaient de base de bonne santé et que les faits connus à l’heure actuelle ne me donnaient pas de raison de m’inquiéter de la sorte. Vivre dans l’angoisse n’allait pas aider ma famille et ne me ferait certainement pas du bien, que du contraire.
Au début, j’éprouvais le besoin de savoir. Toutefois, mon opinion a changé quelques jours plus tard. Savoir pourquoi? L’avoir une fois ne te garantit pas de ne plus l’avoir. Ne pas montrer de symptômes ne te garantit pas de ne pas être porteur. Dans tous les cas, nous devons pratiquer la distance sociale si nous ne voulons pas être malades ou participer à son expansion.
Je te donne un peu plus de contexte
Personnellement, je n’ai pas mesuré l’ampleur du COVID-19 avant qu’Andrew tombe malade le 15 mars. Nous étions dans la planification de notre déménagement depuis trois semaines et j’étais prise dans le stress de faire mes caisses. En effet, mettre en boîte tout en m’occupant de mes deux petits bouts, ce n’était pas une mince affaire. De plus, ici aucune mesure n’était mise en place. Je suis encore allé à la plaine de jeux (maintenant fermée) ce samedi-là, il y’avait au moins 20 enfants sur place. J’entendais que les gens commençaient à vider les magasins et se ruaient sur le papier w.c.. Toutefois, dans ma petite bulle, je ne voyais pas l’intérêt de nous surcharger de produits alors que nous déménagions. Cela n’aurait été que des choses en plus à transporter.
Andrew a donc bravement déménagé toutes nos affaires le samedi 14 avec 2 collègues. Le soir venu, il ne s’est pas senti bien, mais nous avons mis ça sur le compte de la fatigue. Dimanche matin, il avait de la fièvre, était à peine capable de sortir du lit et toussait énormément. Nous avons été pris de panique et il s’est rendu tant bien que mal dans un centre médical au lieu de téléphoner (très mauvaise décision). Sur place, après avoir décrit ses symptômes, il s’est vu tendre un papier lui disant de se rendre à un lieu de dépistage COVID-19 sans aucun mot. Il s’y est donc rendu, a pied. Peur de contaminer un taximan ou d’autres gens dans le métro. Un masque lui a tout de suite été donné. Après avoir attendu un petit moment, il a vu un docteur qui lui a dit que ce n’était que la grippe, car il n’avait pas de gros problème respiratoire. Il n’a pas fait le test, celui-ci est gardé pour les cas « graves » et le personnel médical. Même si cela m’aurait rassuré de savoir, je comprends. Il est donc rentré avec la consigne de rester à la maison pendant 7 jours.
Mardi 17, Matti a commencé de la fièvre. Nous ne parvenions pas à la faire descendre, nous avons donc appelé le docteur. Commençant à être anxieux par rapport au virus, il était clairement hors de question de prendre le risque de l’emmener là où il y’avait une concentration de microbes. Matti avait les mêmes symptômes que son papa. La doctoresse nous a cette fois recommandé de tous rester à la maison pendant 14 jours. Elle nous a expliqué que bien qu’ils n’avaient pas de difficulté respiratoire, cela ne voulait pas dire que ce n’était pas COVID-19. Tout d’abord, tout n’est pas encore connu sur ce virus. Ensuite, ce sont les cas les plus graves qui présentent des difficultés respiratoires. Enfin, chaque être humain peut réagir différemment. Elle nous a bien rassurées en insistant sur le fait que la chance pour eux d’être en danger était extrêmement minime. Jeudi 19, Tia a commencé à être malade à son tour. Ce jour-là, nous avons de nouveau téléphoné au docteur, Matti toussait tellement fort qu’il en vomissait, était encore fiévreux et complètement léthargique. Nous étions inquiets. Cette anxiété a été exacerbée lors de la réception d’un mémo de la gestion du bâtiment nous informant le décès d’un voisin.
Le docteur nous a encore une fois rassurés et prévenus que cette toux pouvait durer des semaines. Elle nous a aussi précisé que nous pouvions ressortir 10 jours après l’apparition de symptômes, mais que nous devions considérer que tous les lieux publics étaient contaminés. Notre date de fin de confinement est donc différente pour chacun. Je n’ai personnellement eu qu’un mal de gorge de 2 jours à partir du vendredi 18. Dans l’incertitude et par respect pour tous, je suis aussi cette règle des 10 jours.
Ce que je retire de ce début d’expérience
L’après COVID-19
Très clairement, il y’a déjà pour moi un « après COVID-19 ». Je m’explique.
Par exemple, je n’avais jamais beaucoup de médicaments d’avance. Nous n’avons pas pour habitude d’en utiliser et je fais attention à n’acheter que ce dont nous avons besoin. Pour te donner une idée, je me souviens personnellement avoir pris quelques antidouleurs après mon dernier accouchement et ceux d’avant étaient probablement ceux pris après l’accouchement de Matti deux ans plus tôt.
Quand Matti est tombé malade, nous avons dû lui donner du Tylenol (paracetamol) toutes les 4 heures afin de parvenir à diminuer la fièvre et cela pendant 4 jours. J’ai donc réalisé que je devais en prévoir pour Tia, car elle commençait à montrer des signes de maladie. Je n’en avais qu’une bouteille entamée. Nous avons du coup tenté de faire une commende en ligne dans les magasins (oui, ici tu trouves ça au magasin) aux alentours, ils n’en avaient plus. Ils avaient de l’Advil (ibuprofen), mais c’est déconseillé en cas du COVID-19. Nous avons téléphoné à la pharmacie du coin, ils nous ont réservé leur dernier flacon. Adrew a dû faire une entorse au confinement pour aller les chercher.
J’avoue que se retrouver face à l’éventualité de ne pas pouvoir lui donner un antidouleur alors que je la voyais souffrir m’a retournée. Je n’avais jusqu’alors jamais imaginé que cela pourrait être possible. J’en aurai toujours 2 bouteilles pour chacun dés à présent.
Je n’avais pas non plus de grosse réserve alimentaire. Pourquoi encombrer mes armoires alors que le magasin est à 3 minutes à pied (1 minute maintenant)? Maintenant, j’ai une raison. Ne sait-on jamais qu’un virus pointe le bout de son nez ?
J’aurai aussi des masques et gants.
J’ai transgressé mes règles
L’apparition de ce virus m’a poussé à aller à l’encontre de mes principes. Et c’est OK, il faut savoir s’assouplir aussi selon les circonstances.
Depuis un bon moment maintenant, je consomme un minimum de plastique et de contenant à usage unique. Très honnêtement en cette période, j’ai été contre mes règles. Quand je suis allée au magasin dimanche 15 au soir (nous n’avions pas encore l’information que nous devions tous rester à la maison), j’ai pris ce qu’il y’avait. J’ai acheté quelques-uns derniers paquets de pâtes, ceux-ci étaient emballés de plastique. J’ai acheté des pommes emballées en plastic. J’ai repris des sachets de thé, car j’appréhendais ne pas pouvoir aller jusqu’à un magasin où ils vendent en vrac, etc. J’ai aussi pris des chips et biscuits alors que je n’en prenais plus à cause de leurs emballages. Toutefois, je me suis donné bonne conscience en achetant une bouteille d’eau pétillante en verre. 😉
Je préfère acheter en seconde main quand c’est possible. En ce climat, je ne sais pas quand j’oserai encore le faire. Matti m’a demandé une poupée et une petite poussette, j’ai repoussé à cause du déménagement. Étant bien plus à la maison en ce moment, cela viendrait bien à point. De plus, je n’ai pas envie d’introduire des jeux à connotation féminine que quand Tia sera en âge de jouer avec, je ne veux donc pas attendre trop longtemps. J’achèterai donc ces deux éléments très probablement sur Amazon.
Le soutien des autres
Je suis toujours émue de constater l’entraide en période de difficulté. À mon échelle, plusieurs amis étaient prêts à prendre le risque de venir nous amener des courses, je leur dis MERCI. Nous avons refusé, car nous avions peur de les mettre en danger. Nous habitons en ville donc tu ne peux pas sortir sans croiser des gens. Rien que prendre l’ascenseur peut être risqué.
Tous les docteurs que nous avons au téléphone ont fait preuve de patience et ont pris le temps de nous rassurer. Je ne peux imaginer à quel point leurs journées doivent être éprouvantes, je les remercie de rester positifs avec leurs patients.
Nous n’avons eu internet que sur nos téléphones les premiers jours dans notre nouvel appartement, car le technicien qui est venu pour l’installer n’est pas rentré à cause des symptômes d’Andrew. Son boulot a débloqué les données du MiFi qu’il avait pour ses gardes. Certes, cela ne nous permet pas de regarder des vidéos, mais ça reste très utile. Chaque technicien de la compagnie d’internet eut au téléphone a tenté de nous aider.
À plus grande échelle, je suis émue chaque soir quand 7h vient et que tout le monde sort sur son balcon pour faire du bruit en soutien à tous ceux qui travaillent pour notre santé. Personnellement, j’inclus aussi tous ceux qui travaillent afin que l’on puisse manger par exemple.
Je me concentre sur le positif
J’évite de lire pendant des heures au sujet du COVID-19. Je me suis rendu compte que ça ne faisait qu’augmenter mon niveau de stress. Je préfère passer 5 minutes devant ma fenêtre à admirer les montagnes et l’océan. J’explore mon balcon de 4m carré. J’organise et réorganise. Nous retentons l’expérience petit pot pour Matti. J’apprécie manger des crasses avec Andrew pendant que les enfants dorment (haha). Je profite pleinement de la présence de mon mari. J’aime tellement l’avoir à nos côtés à plein-temps. C’est aussi ça le confinement, être ensemble et profiter des petites choses.
Je nous espère à tous de sortir au plus vite de cette période plus que désastreuse et à toi d’être « safe ».
Update: en ce 31 mars, je peux vous dire que ma petite famille va beaucoup mieux 🙂
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